Changement climatique : sixième rapport des experts du Giec

Changement climatique : sixième rapport des experts du Giec

Depuis son dernier rapport publié en 2014 (lien en anglais), le Giec se fait l’écho d’une situation qui ne s’est pas améliorée. « Depuis 2011 [date des mesures citées dans le précédent rapport], la concentration [de gaz à effet de serre] a continué d’augmenter dans l’atmosphère », écrivent les auteurs. Jusqu’à atteindre en 2019 son plus haut niveau « depuis au moins 2 millions d’années » pour le CO2 et « depuis au moins 800 000 ans » pour le méthane et le protoxyde d’azote, deux autres gaz à effet de serre, déplorent-ils.

Résultat : alors que la capacité du monde à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle (l’objectif idéal de l’Accord de Paris) sera au centre des discussions de la COP26, le Giec, lui, adapte ses scénarios à la hausse par rapport à sa précédente publication. Le rapport publié ce lundi comprend en effet « un plus large éventail » de trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre. Deux d’entre elles étudient les effets d’une hausse des émissions plus importante que précédemment, tandis que le scénario intermédiaire se concentre sur un maintien des émissions actuelles jusqu’en 2050 avant une baisse. La température pourrait alors augmenter de 2,1°C à 3,5°C d’ici la fin du siècle, et de 3,3°C à 5,7°C d’après les pires trajectoires, par rapport à la période 1850-1900. « La dernière fois que la température globale a été de +2,5°C par rapport aux niveaux de 1850 à 1900, c’était il y a plus de 3 millions d’années », alerte le Giec.

 

Sommaire

+2°C d’ici la fin du siècle ?

Comme premier élément alarmant, le Giec assure que le réchauffement de la planète devrait atteindre +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle autour de 2030, dix ans plus tôt que les dernières estimations datant d’il y a trois ans.

Et la hausse des températures se poursuivrait ensuite pour dépasser ce seuil, une des limites-clés fixée par l’Accord de Paris, d’ici 2050, même si le monde parvenait à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, ajoute le rapport du Giec publié lundi.

En réalité, si ces émissions ne sont pas drastiquement réduites, les +2°C seront largement dépassés au cours du siècle. Ce qui signerait l’échec de cet accord et de son objectif de limiter le réchauffement « bien en-deçà » de +2°C, si possible +1,5°C.

 

« Ce n’est que la première salve »

Alors que la planète a gagné pour l’instant +1,1°C, le monde voit de ses propres yeux les conséquences déjà à l’oeuvre. Encore plus cet été, avec les images de flammes ravageant l’Ouest américain, la Grèce ou la Turquie, des flots submergeant des régions d’Allemagne ou de Chine, ou un thermomètre qui frôle les 50°C au Canada.

« Si vous pensez que ça, c’est grave, rappelez-vous que ce que nous voyons aujourd’hui n’est que la première salve », commente Kristina Dahl, de l’organisation Union for Concerned Scientists. Même à +1,5°C, les canicules, inondations et autres événements extrêmes vont augmenter de manière « sans précédent » en termes d’ampleur, de fréquence, d’époque de l’année où elles frapperont et de zones touchées, prévient le Giec. « Ce rapport devrait faire froid dans le dos à quiconque le lit (…) Il montre où nous en sommes et où nous allons avec le changement climatique : dans un trou qu’on continue de creuser », a commenté le climatologue Dave Reay.

 

Augmentation des catastrophes naturelles

De plus, la planète va subir une augmentation « sans précédent » des événements météo extrêmes comme les canicules ou les pluies diluviennes, même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +1,5°C, ont prévenu les experts.

Ces événements seront sans précédent pour l’humanité en terme d' »ampleur, de « fréquence », du moment de l’année où ils frappent ou de la zone géographique touchée, précisent les scientifiques dans un résumé technique, mettant aussi en garde contre des phénomènes extrêmes groupés: canicule plus sécheresse, pluie plus inondation, pouvant provoquer des « impacts importants et sans précédent ».

Conséquences irréversibles

Certaines conséquences du réchauffement de la planète, notamment la fonte des glaces et la hausse du niveau de la mer, sont désormais « irréversibles pour des siècles ou des millénaires », apprend-on encore dans le rapport du Giec.

Quel que soit le rythme des futures émissions de gaz à effet de serre, le niveau des océans va continuer à augmenter pendant « des siècles, voire des millénaires », notamment sous l’impulsion de la fonte des calottes glaciaires. Ainsi, les auteurs estiment que le niveau de la mer pourrait gagner jusqu’à 1 mètre d’ici 2100.

Pour la première fois, le Giec souligne également « ne pas pouvoir exclure » la survenue des « points de bascule », comme la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique ou la mort des forêts, qui entraîneraient le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable.

 

Le CO2 plus absorbé par la nature

La capacité des forêts, des sols et des océans à absorber le CO2 émis par les hommes risque de s’affaiblir avec la poursuite des émissions, menaçant les efforts pour limiter le réchauffement de la planète à des niveaux acceptables, ont mis en garde lundi les experts climat de l’ONU.

Sur les six dernières décennies, ces puits de carbone ont réussi à retirer de l’atmosphère 56% du CO2 émis par les activités humaines, limitant le réchauffement. Mais ils risquent de devenir « moins efficaces » à l’avenir, selon le rapport choc du Giec.

 

L’Union européenne a réagi

En estimant qu’il n’était pas trop tard pour inverser la tendance, tandis que la ministre de l’Ecologie française renvoie sur la COP 26 en Écosse en novembre. Est-ce qu’il n’est pas temps d’en finir avec ces colloques pour passer à l’action ?

Ils sont utiles, mais disons que l’ambition qui devrait afficher à Glasgow serait de multiplier par cinq l’engagement de l’accord de Paris. Ce ne sera pas le cas, c’est très clair. Bien sûr, l’ambition sera remontée, peut-être de 30, 40 ou 50%, mais on sera loin du compte. Le message du Giec, c’est qu’il faudrait que les émissions diminuent tout de suite. L’Agence internationale de l’énergie nous dit qu’elles vont continuer à augmenter au moins d’ici 2023. Et même en Europe, les solutions immédiates ce n’est pas une taxe carbone en 2026 ou 2028, il faudrait la mettre tout de suite en 2022.