Les déchets d’une ancienne carrière qui utilisait de l’amiante sont à l’origine de cette grande plage grise sur la pointe. Le Cap Corse – la « plus caribéenne des plages »
Comme le sable des Caraïbes, ces galets n’ont rien à voir avec l’activité volcanique. Ce paysage spectaculaire, qui fascine et intrigue, est entièrement l’œuvre de l’homme. Les pierres sont issues de l’une des plus grandes mines d’amiante de France, en activité de 1965 à nos jours.
Table des matières
Le premier combat écologique en Corse
Guy Meria affirme qu’en dépit des réglementations préfectorales, l’usine a déversé 12 000 000 de tonnes de déchets dans la mer entre 1948 et 1965. À son apogée, l’industrie de l’amiante couvrait 25 % de la demande française de ce matériau. Aujourd’hui, il ne reste que l’immense cratère qui s’accroche à la côte du Cap Corse et le littoral marqué à jamais.
Ces rejets massifs ont commencé à inquiéter la population dans les années 1950 et ont donné lieu à la première lutte écologique sur l’île, initiée par le comité de défense des intérêts du canton de Nonza. Depuis, le temps a fait son œuvre et peu de gens savent que cette plage noire de 1,4 km était autrefois une base navale, les ruines des magazini le prouvant, et les cabanes de pêcheurs sur le rivage aux murs burinés par les embruns. Jean-Marie Dominici, le maire, ne savait même pas que cela se produisait.
Il se souvient, enfant, au début des années 1960, de la formation de cette plage au pied de ce village médiéval. Cette étendue lunaire, il ne se lasse pas de l’observer depuis sa fenêtre, au sommet d’une colline rocheuse surplombant l’océan. « Elle fonctionne comme un aimant », dit-il. La serpentinite est une roche sombre et brillante, aux reflets verts, qui longe la côte. Les contrastes uniques du site en ont fait l’un des dix sites les plus instagrammés de France en 2022. Nonza Mayor explique qu’il s’agit d’une question populaire pour les touristes. Ce n’est pas le danger qui les préoccupe, mais plutôt l’accès abrupt à la plage.
Les Grands Jeux d’été…
Les habitués de l’endroit le savent : il vaut mieux ne pas poser sa serviette sur la plage, mais plutôt l’observer de loin depuis la tour Paoline, une fortification construite par Pascal Paoli – le père de l’île indépendante – au dix-huitième siècle. Les voyageurs les plus courageux peuvent se rendre sur la côte en grimpant sur les hauteurs de La Sassa. Ces ruines d’un ancien château sont nichées le long d’un promontoire et offrent une vue magnifique sur le golfe de Saint-Florent ainsi que sur cette plage de sable noir.
C’est là, au sommet de la falaise, à 160 mètres d’altitude, que les touristes et les enfants de la ville se livrent au jeu auquel ils ont joué tout l’été. Écrire un message ou un motif avec des pierres blanches et gravir les quelque 450 marches qui mènent au village. Impact garanti au sommet.